Le cœur est l'étoffe qui se déchire le plus facilement
Avis sur Kingdom Hearts III sur PlayStation 4
Test publié par CanKrum le 5 février 2019
Version PlayStation 4
"Un coeur sans verrou, fi de ce coeur!"
Avec Kingdom Hearts, ce n'est jamais simple. Ce troisième épisode
principal marque la fin d'un arc que pas moins de 9 jeux originaux ont
couvert depuis 2002. Et chaque bonne histoire, aussi complexe et tordue
soit-elle se doit d'avoir une fin. Du moins, un semblant de
fin..? Comme déjà dit, rien n'est jamais simple avec Kingdom Hearts
alors allons à l'essentiel en essayant de déterminer si cette fin,
quelle qu'elle soit s'avère réussie ou pas.
Un héritage respecté pour une suite qui est (peut-être un peu trop) dans la lignée de Kingdom Hearts II ?
Non pas que Kingdom Hearts II ne soit pas un exemple à suivre, au
contraire il se paie même le luxe d'être un chef-d'oeuvre reconnu de la
majorité. Titre qui est pour ma part amplement mérité. Mais il est ici question de forme et non de fond.
Le fait est qu'il s'agit avant tout d'un jeu sorti en 2006 sur
Playstation2. Et il est important de tout de suite se mettre à l'idée
qu'on jouera ici à un jeu qui sort avec au moins 10 ans de retard, bien
que Kingdom Hearts 3 tire un certain et relatif avantage du généreux
hardware de la PS4, il reste dans sa technique profonde et surtout, dans
sa structure plus similaire à un jeu PS3 qui bénéficierait un meilleur
affichage qu'un jeu d'époque.
Quand l'art tend main à la technologie...
Tout cela n'est cependant pas très problématique car il est de ces
jeux qui possèdent une direction artistique si forte qu'elle compense
pour les éventuels retards technologiques dont il souffre.
Ainsi,
malgré le côté brut de certaines modélisations, la netteté
approximative de certaines textures et la platitude ambiante des
lumières très VanillaUnrealEnginesques... Kingdom Hearts 3 s'avère tout
de même être un vrai bonbon visuel qui force le respect dans ce
qu'il propose de variété dans la représentation de ses différents mondes
Disney. Chaque monde dispose de sa propre identité et il ne sera pas
rare de voir émerger de nouvelles trouvailles visuelles jusqu'aux
dernières heures de jeu. Le contraste entre le monde
enchanté de Winnie L'Ourson et les tricornes de cuir du monde des
Pirates de Caraïbes est juste bluffant.
...mais que la technologie veut le bras
Les insuffisances techniques se font malgré tout ressentir dans
d'autres domaines. Ainsi, ce qui déçoit sans doute le plus, c'est le
constat d'une mise en scène des plus archaïques. Très peu d'efforts se voient dans ce domaine et pourtant, le
début du jeu promettait pas mal avec un Titan ravageant l'Olympe en
temps réel mais on comprend rapidement que ces petites digressions
audacieuses sont monnaies rares au sein de l'aventure. Le reste du
temps, on a plus souvent affaire à des phases de jeu entrecoupés de
cinématiques marquant l'arrivée ou la sortie d'un personnage ou le début
ou la fin d'un évènement. Y compris lors du rush de fin qui voit son rythme haché par ce manque de soin évident. So 2006.
Au diable ces murs invisibles! Le level design
déçoit également par ses layouts simplistes, souvent en couloirs sans ou
avec trop peu d'embranchements réels. Les mondes Disney (la
précision est importante tant les mondes originaux ont été délaissés
dans cet épisode) sont certes plus grands, voire beaucoup plus grands
mais sont aussi et surtout bien moins complexes et denses. On sort de la
majorité des mondes avec un taux de complétion supérieur à 90%, sans
même forcer. Cela vient du fait qu'on a toujours tout en vue, bien droit
devant nous. Deux mondes font exception par leur taille (Les Caraïbes
et Fransokyo) et proposent un meilleur challenge de recherche mais
s'avèrent au final bien vides et on en fait finalement très vite le tour
également.
Une narration à la lisière du cross-media
Le scénario d'un Kingdom Hearts se retrouve souvent tiraillé entre ce
que son univers à lui veut raconter et ce que la dimension Disney vient
ajouter. Le ratio ici est certainement plus déséquilibré qu'auparavant. L'implication de la partie Disney ne semble pas suffisamment pertinente pour un épisode final
et arrivé à l'apothéose de fin, on se demande même si tout cela
jusqu'ici était bien nécessaire. Surtout que ce que ces mondes
racontent, ou essayent de raconter est souvent extrêmement incohérents
si on en reste au jeu.
En effet, il vous sera impossible de comprendre quoique ce soit au
déroulement des événements d'un monde comme celui des Pirates des
Caraïbes qui ne se gêne pas de faire usage d'ellipses zappant des pans
majeurs du film, nécessaires à la cohésion des scènes que le jeu choisis
de garder et utiliser avec maladresse.
Quant à la promesse initiale de la partie originale du scénario, elle est bien tenue. Les révélations et autres twists sont à la hauteur d'une conclusion de grande trempe
même si la confusion règne toujours autant et qu'on regrettera toujours
l'absence de quelques cut scenes explicatives supplémentaires (surtout
lors de la grande finale qui semble rushée sur certains aspects). Le fan
service est majeur mais contrôlé et semble rarement malhonnête. Nous
sommes toujours dans le monde où tout est possible par la force de
l'amitié et de l'amour mais c'est une convention que je pense beaucoup
de possesseurs du jeu auront signé il y'a bien longtemps. Un certain
manque d'audace pourra certainement en déranger plus d'un, notamment en
ce qui concerne la fin :
La reconversion
de Xehanort avant sa défaite ultime a de quoi faire grincer les dents.
Et même Naminé a droit à son retour, il ne faut laisser ou froisser
personne. Le manque cruel de conséquences nuit selon moi aux enjeux
futurs de la saga qui pourra désormais toujours user d'une quelconque
pirouette scénaristique pour justifier tout et n'importe. Tuer et
ressusciter, créer et supprimer... Sans trace de passage et en un
claquement de doigt.
Un gameplay au point mais avec la difficulté en moins
J'avais un peu d'appréhension quant aux combats, sachant la team
Osaka capable d'un système rapide, nerveux mais peut-être un peu trop
aérien à mon goût. Le poids et la physique des combats de KH1 et KH2
laissent ici place à une philosophie hybride à mi-chemin entre ça et le
système de Birth By Sleep. La moindre pression de touche vous propulsera
en l'air et passé la dizaine d'heures, vous aurez accès à suffisamment
de compétences pour combattre dans les airs pendant des minutes entières
sans toucher le sol.
Et que dire si ce n'est que c'est FUN. Et
rarement je l'avais autant pensé d'un jeu. C'est un spectacle constant
de pyrotechnies de tous genres. Des couleurs, particules et autres
effets fusent tandis que défilent à l'écran myriades de possibilités. On a ici une véritable synthèse de tout ce qui s'est fait jusqu'ici, il y'en a même tellement que beaucoup d'éléments se voient finalement ignorés à cause d'un trop plein d'options. Et
cette diversité peut même s'avérer asse indigeste quand on se prend à
éviter d'actionner par erreur des attaques spéciales qui jadis étaient
des récompenses mais qui dans ce jeu se révèlent plus contraignantes
qu'autre chose, faute de challenge.
Mais la difficulté quasi-inexistante, même en mode Extreme lui enlève de son excellence
car si on commence à avoir peur d'actionner des attaques spéciales et
autres joyeusetés... C'est parce que quelques attaques basiques
suffisent généralement à terrasser la majeure partie des ennemis du jeu.
Les points positifs
Les points positifs
- Un vrai plaisir manette en main. Le gameplay et les situations de jeu se renouvellent sans cesse et variété est vraiment le maître mot du jeu dans sa globalité.
- La direction artistique porte à elle seule tout le poids des responsabilités du département visuel. C'est une fois de plus très varié et incroyablement fidèle selon les mondes Disney visités.
- La promesse est tenue, la finale ne déçoit pas. Les dernières scènes sont aussi explosives que satisfaisantes. La réunion de tous les personnages importants de la saga est vraiment touchante.
- Les mondes Disney, bien que peu en nombre sont d'excellents choix auxquels le jeu rend relativement bien hommage.
Les points négatifs
-Manque cruel de challenge qui nuit à la qualité exceptionnelle du système de combat.
-Une mise en scène d'un autre âge.
-La narration catastrophique des mondes Disney qui disposent de scénarios qui ne se suffisent pas à eux-même et qui comptent sur la connaissance du joueur de ces-dits films.
-Un contenu annexe proche du néant et une rejouabilité moindre.
-Une OST qui peine à se renouveler
-Kingdom Hearts serait-il entrain de se renier ?
Les mondes originaux sont aussi absents que décevants quand ils sont
bien là et aucune trace d'un quelconque personnage Final Fantasy..?!
Conclusion
Kingdom Hearts 3 est très réussi mais non sans l'aide des lauriers sur lesquels ils reste posé.
Aucune prise de risque, certes. Peu de surprises, oui mais le mérite de
s'être tenu à ce qu'il sait faire pour proposer une fin d'arc digne de
ce nom. Certains éléments peuvent paraître aberrants et on s'approche
même du patchwork à certains passages où le jeu semble avoir eu du mal à
sortir au bout 5 ans de production. Chaque grande qualité se trouve ici
un némésis et on retiendra de Kingdom Hearts 3 qu'il aura été un bon jeu mais non exempt de défauts.
Un coup sûr pour tous les fans de la saga
mais certainement pas l'épisode qui accrochera le wagon des joueurs qui
n'ont jamais pu mettre un pied dans le délire si particulier de cet
univers.
CanKrum a ajouté ce jeu vidéo à 1 liste Kingdom Hearts III
Le don sacré ayant fait se redresser le grand singe qui n'a eu cesse de s'élever depuis. Source de chaleur, guide dans la pénombre. De la cuisson de notre venaison à la combustion des propulseurs de nos fusées. Ce qui nous a fait Maîtres de la planète bleue et ce qui nous en défera une fois qu'elle sera brunie. Notre début et notre fin, en somme. Le Dieu des textes anciens, sous forme physique et à portée de main, un privilège qui comporte le risque de se brûler à trop vouloir s'en approcher. - Johnny C. Krum
French Article by Johnny C. Krum
Posted by J.A. Of Persona Group Plus
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